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Accompagnement post-émeutes : « faire connaître la cellule d’écoute psychologique »

Transport - Route
10/07/2023
Les émeutes consécutives aux événements de Nanterre ont pénalisé des entreprises et des salariés du TRM/TRV et du transport sanitaire. Pour répondre à l’urgence, Carcept-Prévoyance a activé le programme de prévention santé « Transportez-Vous-Bien ». Benjamin Laurent, le directeur de l’Offre de l’institut de prévoyance de la branche, détaille le dispositif qui conjugue écoute psychologique, action sociale et aide financière pour les salariés placés en chômage partiel au-delà de 10 jours.
Bulletin des transports : Les partenaires sociaux du Transport ont décidé de mobiliser le programme de prévention santé « Transportez-Vous-Bien » (TPV) après les émeutes des derniers jours. C’était la réponse la plus rapide à mettre en place ?
Benjamin Laurent : Carcept-Prévoyance a déployé ce dispositif en 2017 (1). Dans les faits, il est centré sur la santé des salariés des branches « voyageurs » et « marchandises », du transport routier sanitaire et du transport urbain, et s’attache notamment à la prévention et la gestion du stress. À la suite des émeutes, en lien avec les événements de Nanterre du 27 juin, les réseaux sociaux ont relayé des agressions de conducteurs à la sortie de leurs camions. Il nous semblait important, pour les salariés de la branche transport, comme pour les dirigeants d’entreprises, de réactiver cette mesure, qui s’inscrit pleinement dans le cadre d’une gestion de crise.

BTL : L’aide psychologique concerne-t-elle toute situation traumatisante ?
B. L. : Bien sûr. Elle concerne toute personne, salarié ou dirigeant, qui a été directement agressé, qui a assisté aux dégradations de leur matériel sans forcément être à l’intérieur des bâtiments/véhicules. La cellule de soutien psychologique est accessible à tous les salariés de la branche et à leurs proches. En outre, les salariés qui ont subi des violences physiques pourront bénéficier d’aides complémentaires, notamment la prise en charge d’éventuels frais médicaux non remboursés ; à titre d’exemple, pour les personnes qui auraient subi une hospitalisation longue durée avec un reste à charge important.

BTL : Comment articuler le dispositif avec le chômage partiel décidé dans certaines entreprises ?
B. L. : Si des salariés sont contraints d’être placés en chômage partiel plus de 10 jours, ils pourront percevoir une aide solidaire de 1 000 € par salarié, assortie d’une aide de 500 € par enfant à charge afin de faire face aux premières urgences. Comme justificatif, la déclaration de chômage partiel établie par l’entreprise fait foi, ainsi que le livret de famille pour évaluer le nombre d’enfants à charge. Nous sommes en train de caler l’ensemble des dispositions administratives. Par exemple, nous regardons dans quelle mesure nous pourrions nous appuyer sur la Déclaration sociale nominative (DSN). Dans celle de juillet, nous pourrons identifier le nombre de salariés en chômage partiel. Avec toutes ces données transmises par les entreprises, nous serons en mesure de voir si les salariés rentrent bien dans le cadre d’un chômage partiel supérieur à 10 jours. Le but est de limiter au maximum la demande de pièces administratives et d’éviter que ce soit un frein à la démarche.

BTL : Avez-vous déjà un estimatif du nombre de salariés et des entreprises impactées par les émeutes ?
B. L. : Nous avons sollicité l’ensemble des fédérations professionnelles ; les chiffres ne sont ni complets, ni consolidés. À l’évidence, il est difficile de savoir si les entreprises vont déclencher ou non du chômage partiel. L’urgent était pour nous de faire connaître la cellule d’écoute psychologique et nous avons, en lien avec les partenaires sociaux, décidé d’élargir en nous inspirant des mesures de chômage partiel proposées à la branche CHR (cafés, hôtels, restaurants). Un restaurant vandalisé aura des difficultés objectives à reprendre son activité. Une entreprise de transport, avec une flotte de 150 camions et quelques véhicules incendiés, pourra déclencher du chômage partiel. Mais il est aujourd’hui plus compliqué d’avoir des remontées d’informations de la part des TPE du transport.

BTL : Comment piloterez-vous le dispositif TVB à court et moyen terme ?  
B. L. : Nous ne nous interdisons pas, si la situation ne s’améliore pas ou si nous avons d’autres situations spécifiques, à nous positionner. Nous n’intervenons pas sur ce qui relève de l’assurance IARD, puisque le dirigeant fera jouer son assureur, ni sur le financement des flottes de véhicules. En revanche, tout ce qui aura un impact sur la santé, de manière directe ou indirecte, un impact psychologique ou qui concernera le milieu de vie du salarié, pourra être pris en charge. Nous examinerons chaque situation avec un regard particulier. Pour l’heure, notre objectif est d’aller vite afin de faire connaître la cellule de soutien psychologique (2). Nous sommes l’organisme de protection sociale de la profession. Nous nous devons de faire preuve de solidarité, en application d’une gouvernance paritaire. Tout ce qui a été décidé le week-end du 1er juillet l’a été en concertation étroite avec l’ensemble des organisations syndicales et patronales de la branche.

(1) Le programme « Transportez-Vous-Bien » accompagne chaque année des milliers de salariés du secteur pour agir en faveur de leur santé (sommeil, gestion du stress, nutrition, etc.).
(2) Informations disponibles depuis l’espace client carcept-prev.fr, la page de l’action sociale du site « Transportez-Vous Bien » et au 09 88 20 88 01.

Propos recueillis par Louis Guarino
Source : Actualités du droit